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III. 39

decine est de multiplier à l’infini le nombre des guérisons, et celui de chaque art, de multiplier indéfiniment ce qui est son but ou sa fin ; car c’est surtout à cela qu’il aspire ( au lieu que la somme des moyens dont il dispose n’est pas infinie, et la limite de ces moyens est la fin pour tous les arts ) ; ainsi, dans cet art de la richesse, il n’y a point de limite [dans les moyens propres] à la fin qu’il se propose : mais cette fin est la richesse, telle que nous l’avons définie, et la possession ou l’acquisition de l’argent.

18. Au contraire, il y a une limite aux moyens de la science économique, s’il n’y en a pas à ceux de la science de la richesse. Car l’affaire de l’économe n’est pas la même que celle du financier. Aussi semble-t-il que dans l’économie il doive y avoir un terme à la richesse de quelque genre que ce soit ; quoique, d’après ce qui se passe sous nos yeux, il arrive ordinairement tout le contraire ; car tous ceux qui s’occupent de la richesse cherchent à accroître indéfiniment la quantité d’argent monnayé qu’ils possèdent. Cela vient de l’étroite affinité de ces sciences [celle de l’économe et celle du financier] ; car l’emploi des mêmes moyens n’est pas le même pour chacune d’elles. L’une et l’autre disposent, à la vérité, des mêmes fonds ou de la même propriété, mais non pas de la même manière : au contraire, le but de l’une est la possession, et celui de l’autre est l’augmentation ; ce qui fait que certaines gens s’imaginent que l’objet de la science économique est cet accroissement même, et ils persistent à