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POLITIQUE d’ARISTOTE,

nomme plus spécialement, et avec raison, Art de la richesse ; c’est celui-là qui semble en effet reculer indéfiniment les bornes de l’opulence et des acquisitions en tout genre, et que l’on croit communément être le même que celui dont je viens de parler, à cause de leur étroit voisinage ; mais il n’est pas le même, quoiqu’il n’en soit pas très-éloigné : car l’un de ces arts est le produit immédiat de la nature, et l’autre est plutôt celui d’un certain empirisme et d’une adroite combinaison. Essayons d’en saisir le principe et l’origine.

II. Toute chose possédée peut en effet servir à deux usages, tous deux, à la vérité, de la chose ellemême qu’on emploie, mais non pas de la même manière ; car l’un en est l’usage propre et direct, et l’autre ne l’est pas. Par exemple : on peut se servir de chaussures pour les mettre à ses pieds, ou comme moyen d’échange. Car quand on les échange, en les donnant pour de la monnaie ou pour des aliments à celui qui a besoin de souliers, c’est bien faire usage de cet objet, mais non pas un usage propre et direct, puisqu’ils n’ont pas été faits pour servir à des échangés. Or, il en est de même de toutes les autres choses que l’on possède ; car il n’y en a aucune qui ne soit susceptible d’être l’objet d’un échange, lequel a certainement son principe dans la nature, puisque les hommes ont tantôt plus, tantôt moins des choses qui sont nécessaires à la vie.

12. Ce qui fait voir encore que le commerce de