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II. 20

se donner à eux-mêmes le nom d’esclaves, ils ne le donnent qu’aux barbares ; mais enfin toute la question se réduit à chercher ce que c’est qu’être esclave par nature, ainsi que nous l’avons dit an commencement.

19. En effet, il faut nécessairement admettre qu’il y a des hommes qui sont partout esclaves, et d’autres qui ne le sont nulle part ; et il en sera de même de la noblesse, car ceux qui adoptent cette opinion s’imaginent qu’ils sont nobles, non seulement dans leur patrie, mais dans quelque contrée que ce soit, au lieu que les barbares ne le sont que chez eux : comme s’il existait quelque race qui fût noble et libre dans un sens absolu, et quel qu’autre qui ne le fût pas. C’est ce que fait entendre l’Hélène de Théodecte lorsqu’elle dit :

De la race des Dieux de tous côtés issue, Qui donc du nom d’esclave osera m’appeler ?

Mais s’exprimer ainsi c’est n’admettre entre l’homme libre et l’esclave, entre le noble et celui qui ne l’est pas, d’autre distinction que celle du vice et de la vertu ; c’est dire que, de même que l’homme naît de l’homme, et l’animal de l’animal, ainsi l’homme vertueux ne peut naître que de parents vertueux. Or, c’est sans doute le vœu de la nature qu’il en soit ainsi, mais cela n’est pas toujours possible.

20. On voit donc que la difficulté que nous venons de traiter a quelque fondement, et qu’il existe des esclaves et des hommes libres par le fait 26