Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée


que la justice c’est la bienveillance, tandis que les autres trouvent juste le principe même ou l’axiome qui attribue le commandement à celui qui a la supériorité en quelque genre que ce soit. Au reste, si l’on isole ces raisons et si on les sépare les unes des autres, les raisons opposées n’ont plus rien de persuasif, puisqu’on ne saurait dire que ce soit ou que ce ne soit pas à la supériorité de vertu qu’appartient le droit de commander et la puissance absolue (1).

18. D’un autre côté, il y a des personnes qui, obstinément attachées à ce qu’elles croient juste sous un certain rapport ( et la loi a toujours quelque chose de juste ), affirment que la servitude qui résulte de l’état de guerre est conforme à la justice ; et en même temps ils le nient ; car il est possible que le principe ou la cause de la guerre ne soit pas juste, et jamais on ne pourra admettre qu’un homme qui ne mérite pas d’être réduit en servitude, soit esclave. Autrement, il pourra arriver que des hommes issus du sang le plus illustre soient esclaves, et nés d’esclaves, s’ils sont vendus après qu’on les aura faits prisonniers. Aussi ceux qui soutiennent cette opinion ne veulent-ils pas

(1) Cette dernière phrase est fort obscure dans le texte, et n’a offert à aucun des traducteurs ou commentateurs un sens satisfaisant ; j’ai suivi, en partie, celui qu’indique Schneider, qui croit, avec assez de probabilité, que notre auteur a voulu donner simplement à entendre que le droit de commander n’appartient légitimement qu’à la raison et à la vertu.