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II. 23

ses. Véritablement, il y a aussi une sorte d’esclavage qui est fondée sur la loi, c’est-à-dire sur une convention, en vertu de laquelle on prétend que tout ce dont on se rend maître dans la guerre appartient aux vainqueurs. Mais plusieurs de ceux qui ont une connaissance approfondie des lois, élèvent contre cette sorte de justice une plainte du même genre que celle qu’on intente quelquefois contre un orateur, quand on l’attaque pour atteinte portée aux lois (1). C’est une chose horrible suivant eux que l’homme qui a été victime de la violence soit esclave de celui qui a pu le contraindre, et lui obéisse uniquement parce qu’il a la supériorité ou l’avantage de la force ; mais sur cet article les avis des sages sont partagés.

17. La cause de cette opposition de sentiments, et des raisons qu’on allègue pour et contre, sur cette question, c’est que la force, quand elle parvient de quelque manière que ce soit à se procurer des ressources, se porte naturellement à la violence, et que la force suppose toujours une supériorité d’avantages en quelque chose ; en sorte qu’il semble bien en effet qu’il n’y a point d’emploi de la force qui ne suppose quelque vertu. Mais la question ne porte ici que sur la notion du. juste ; car c’est pour cela que les uns s’imaginent

(1) Cette sorte d’action, qui était admise chez les Athéniens, s’appelait yjapr, irajavo’jAMv. Voy. Wolf, ad Demosthen. Leptin. Prolegom. p. cxxxvij. sq.