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à de pareils travaux, mais utiles, dans la vie civile, aux emplois de la guerre et à ceux de la paix, entre lesquels elle se partage. Toutefois il arrive souvent, au contraire, que certains individus n’ont que le corps d’un homme libre, tandis que d’autres n’en ont que l’ame.

15. D’ailleurs, il est facile de comprendre que, si cette différence purement extérieure entre les hommes était aussi grande qu’elle l’est à l’égard des statues des dieux, tout le monde conviendrait que ceux qui seraient, sous ce rapport, si inférieurs aux autres, mériteraient de leur être asservis ; or, si cela est vrai des qualités du corps, la distinction sera encore bien plus juste à l’égard des qualités de l’ame ; mais il n’est pas aussi facile de discerner la beauté de l’ame que celle du corps. Quoi qu’il en soit, il demeure évident que (parmi les hommes) les uns sont des êtres libres par nature, et les autres des esclaves, pour qui il est utile et juste de demeurer dans la servitude.

16. Cependant on comprend sans peine que ceux qui soutiennent le contraire ont, jusqu’à un certain point, raison ; car les mots esclave et servitude peuvent être pris dans deux acceptions diver gnis (Sentent, vs. 547), dont le sens est : « Jamais un homme « servile ne porte la tête haute et droite ; il la tient toujours « obliquement, et a le cou penché. » Mais on peut croire que Théognis n’a voulu que décrire ici l’attitude et l’air de physionomie que donnent assez communément les habitudes de bassesse et d’hypocrisie à ceux qui les ont contractées.