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quelconque, mais un son qui peut devenir naturellement un son intelligible. Car certains sons émis par les bêtes sont indivisibles, et cependant je n’appelle aucun d’eux élément.

V. Les parties du son dont je parle sont la voyelle, la demi-voyelle et l’aphone (ou muette). La voyelle est l’élément qui a un son perceptible à l’oreille, sans adjonction[1], comme, par exemple, A et O ; la demi-voyelle, l’élément qui a un son perceptible à l’oreille, avec adjonction, comme S et R. L’aphone est l’élément accompagné d’adjonction qui n’a par lui-même aucun son, mais qui devient perceptible à l’oreille quand il est accompagné d’éléments qui ont un son : tels, par exemple, le G et le D.

VI. Les éléments diffèrent entre eux par la forme de la bouche, par les lieux (d’émission), par l’aspiration et la non-aspiration, la longueur et la brièveté, enfin par l’acuité, la gravité et leur intermédiaire. C’est dans les traités de métrique qu’il convient de considérer ces divers points en détail.

VII. La syllabe est un son non significatif, composé d’un élément aphone et d’un élément qui a un son. En effet, GR, sans A, n’est pas une syllabe, mais avec un A, en est une, savoir GRA. Il appartient d’ailleurs à la métrique de considérer aussi les différences qui distinguent les syllabes.

VIII. La conjonction est un son non significatif qui n’empêche pas un son d’être significatif, mais qui ne le rend pas tel, composé de plusieurs sons, placé naturellement soit à une extrémité, soit au milieu (d’une phrase), à moins qu’il n’y ait convenance à le placer pour son propre compte au commencement d’une proposition, comme, par exemple, ἤτοι ou δή ; ou encore

  1. Sans adjonction d’un son articulé.