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échouent complètement, tantôt luttent sans succès dans les concours. Ainsi, Agathon échoua sur ce seul point ; mais, dans les péripéties et dans les actions simples, il réussit merveilleusement à satisfaire le goût du public. C’est ce qui a lieu[1] lorsque l’homme habile, mais avec perversité, a été trompé comme Sisyphe et que l’homme brave, mais injuste, a été vaincu ; car c’est là un dénouement tragique et qui plaît aux spectateurs. De plus, il est vraisemblable ; et, comme le dit Agathon, « il est vraisemblable que bien des choses arrivent contre toute vraisemblance[2]. »

IX. Quant au chœur, il faut établir que c’est un des personnages, une partie intégrante de l’ensemble et le faire concourir à l’action, non pas à la manière d’Euripide, mais comme chez Sophocle.

X. Pour les autres poètes, les parties chantées dans le cours de la pièce n’appartiennent pas plus à la fable qui en est le sujet qu’à toute autre tragédie. Voilà pourquoi on y chante des intermèdes, procédé dont le premier auteur est Agathon ; et pourtant, quelle différence y a-t-il entre chanter des intermèdes et ajuster, dans une tragédie, un morceau ou un épisode tout entier emprunté à quelque autre pièce ?

    règles que formule Aristote. La leçon καὶ μὴ ὥσπερ Αἴσχ s’explique très bien d’ailleurs, si l’on y voit une opposition entre les deux manières également correctes et d’Euripide, traitant un point spécial de l’Iliade, — et d’Eschyle, en traitant plusieurs de suite, mais dans autant de tragédies complètes en elles-mêmes.

  1. Il y a péripétie.
  2. Allusion à deux vers d’Agathon rapportés par Aristote. (Rhétorique, liv. II, chap. XXIV, § 10.)