Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III. Ils ont aussi pour texte un conseil. Exemple : « Il faut honorer les hommes de bien. » C’est pourquoi il fait l’éloge d’Aristide. Ou encore on louera ceux qui ne sont ni considérés, ni vicieux, mais dont le mérite reste ignoré comme Alexandre, le fils de Priam. Ici encore, l’orateur donne un conseil.

IV. En outre, parmi les exordes judiciaires, il en est où l’on a en vue l’auditeur, soit que le discours porte sur un fait inadmissible ou fâcheux, ou sur un bruit très répandu, de façon qu’on fasse appel à l’indulgence. De le ce mot de Choerile :

Mais maintenant que tout a été partagé[1]

Les exordes des discours démonstratifs ont donc pour texte un éloge, un blâme, l’exhortation, la dissuasion, les faits énoncés en vue de l’auditeur. Il arrive, nécessairement, que l’introduction du discours est étrangère ou familière.

V. Quant aux exordes du discours judiciaire, il faut comprendre qu’ils jouent le même rôle que les prologues des œuvres dramatiques et les préambules des poèmes épiques, tandis que ceux des dithyrambes sont semblables aux exordes démonstratifs :

À cause de toi et de tes dons, et de tes dépouilles…[2].

VI. Dans les discours et dans les poèmes épiques (l’exorde) est comme un aperçu du sujet traité, afin

  1. Fragment d’un passage de Chérile de Samos, qui a été rapporté par le scoliaste et où le poète déplore que le champ des lettres et des arts soit tellement encombré que le serviteur des Muses ne sait où faire courir « son char au nouvel attelage ».
  2. Le scoliaste donne une citation plus complète de ce préambule : « Je suis venu auprès de toi, à cause de toi, et de tes dons, et de tes bienfaits, et de tes dépouilles, ô dieu Dionysos ! »