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recourir aux artifices oratoires, attendu que l’on voit aisément ce qui se rattache à l’affaire et ce qui pourrait y être étranger. Il n’y a pas de débat et, par suite, la décision survient purement et simplement. C’est ce qui fait que les mêmes orateurs ne sont pas également goûtés dans toutes ces sortes de causes ; mais où l’on met le plus d’action, c’est là qu’il y aura le moins de précision, et cela aura lieu quand on donnera de la voix et, principalement, quand elle sera forte. L’élocution démonstrative est, plus que toute autre, propre au discours écrit ; car elle est faite pour la lecture ; vient en second lieu l’élocution judiciaire.

VI. Pour ce qui est de distinguer, en outre, quand l’élocution doit être agréable et (quand elle doit être) sublime, c’est chose superflue ; car pourquoi exiger ces qualités plutôt que la tempérance ou la générosité et quelque autre mérite moral ? Il est évident que les conditions précitées la rendront agréable, pour peu que nous avons défini en bons termes celles qui constituent sa qualité principale. En effet, à quoi tiendra qu’elle soit nécessairement claire, exempte de trivialité, mais convenable ? C’est que, si elle est diffuse, elle manquera de clarté ; et pareillement, si elle est trop concise, mais que la juste mesure se trouve au degré intermédiaire. Les conditions énoncées plus haut la rendront agréable, si l’on fait un heureux mélange de langage moral et étranger, de rythme et d’arguments persuasifs bien amenés.

Nous nous sommes expliqué sur l’élocution, sur ses divers genres considérés ensemble, et sur chacun d’eux en particulier. Il nous reste à parler de la disposition.