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teur ; car ce sont là des marques de petitesse d’esprit et de bassesse.

XI. Parler à tout instant de soi et se vanter ; présenter comme de soi ce qui est d’un autre ; car c’est là de la jactance. Il en est de même de tous les effets et de toutes les marques, de chacun des vices et de leurs analogues, car ce sont autant de choses laides et ignominieuses.

XII. Ajoutons-y le fait de ne pas avoir sa part des choses honorables auxquelles participent tous les hommes, ou tous nos pareils, ou le plus grand nombre. Or j’appelle « nos pareils » ceux de notre race, de notre pays, de notre âge, de notre famille et, généralement, ceux qui vont de pair avec nous ; car, dès lors, il est honteux de ne pas recevoir sa part, d’instruction par exemple, dans une mesure donnée, et des autres biens semblablement. Il l’est encore davantage si cette non participation paraît être de notre faute ; car, dès lors, elle est plutôt causée par un vice de notre nature si nous sommes nous-mêmes les auteurs de nos imperfections passées, présentes ou futures.

XIII. Ceux-là sont encore honteux qui ont subi, subissent ou subiront telles épreuves dont les suites sont la déconsidération et la réprobation. Tel est, par exemple, le cas où nous nous prêtons, en personne, à des actes déshonorants, entre autres à l’outrage aux mœurs. Tel est encore celui qui nous expose à l’incontinence, soit spontanément, soit malgré nous, ou à la violence, malgré nous. car le support de ces épreuves a pour origine le manque de cœur ou la lâcheté, et l’impuissance à s’en défendre. Telles sont les choses dont on a honte, ainsi que d’autres analogues.

XIV. Mais, comme la honte est une idée que l’on se fait de la déconsidération encourue, et suggérée par