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la date en question entre 336, année de la paix générale qui résulta de la bataille de Chéronée, et 330, celle pendant laquelle eut lieu le procès de la couronne, qu’Aristote passe sous silence. M. Havet propose cette dernière date.

On a vu plus haut quelles vicissitudes traversa la collection des écrits d’Aristote pendant les trois premiers siècles qui suivirent sa mort. Pour ne parler que de la Rhétorique, on ne ressaisit plus la trace de ce texte, comme de celui de la Poétique, qu’au commencement du XIe siècle, dans le manuscrit no 1741 de notre Bibliothèque nationale. Il a été connu de Pierre Vettori, qui en consulta aussi trois autres ; Gaisford, cinq, tous de Paris, dont ce même no 1741 ; Bekker, outre ce manuscrit, le Codex Venetus Marcianus, 200 (= Q), le Vaticanus, 1340 (= Yb) et un manuscrit d’Oxford (= Z). On considère aussi comme élément utile pour établir le texte grec le manuscrit qu’avait sous les yeux l’auteur d’une traduction latine qui doit remonter au XIIIe siècle et que reproduit l’édition critique de Spengel. La notice déjà citée de Buhle signale en outre, à Naples, un manuscrit conservé dans la bibliothèque des augustins de Saint-Jean de Carbonara ; à Florence, un autre chez les bénédictins de Sainte-Marie, et deux à la Laurentienne (XXXI, 14 ; LX, 10) ; à Turin, le no 103 ; à Madrid, un seul (Iriarte, p. 196).

L’édition princeps de la Rhétorique est comprise dans les Rhetores græci d’Alde Manuce, (t. I, 1508, fol. 161-234). P. Vettori, en 1548, mit en œuvre, le premier, avec une sagacité critique que la postérité a proclamée, l’excellent manuscrit 1741 et la vieille traduction latine. On cite aussi avantageusement l’édition de Sylburg (Francfort, 1584), celle de Théophile Buhle dans la collection bipontine (1793), qui nous a été d’un grand secours, bien que sa traduction latine ait souvent besoin d’être vérifiée sur le texte, et dont nous avons adopté les divisions en paragraphes pour la facilité des renvois. La collation de Bekker (1831) mérite une mention particulière et a servi de base aux travaux critiques des philologues allemands L. Spengel, A. Brandis, J. Vahlen, H. Bonitz et de nos savants compatriotes Em. Egger, Ch. Thurot, Norbert Bonafous et Barthélémy-