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notre naissance et de notre pouvoir. De même encore les choses dont on croit avoir besoin, lors même qu’elles sont de mince valeur ; car, néanmoins, on est porté à les faire.

XXIX. On préfère aussi les choses d’une exécution aisée, car elles sont possibles, étant faciles ; or les choses d’une exécution aisée, ce sont celles où tout le monde, bon nombre de gens, nos pareils ou nos inférieurs, peuvent réussir. Les choses dont se réjouissent nos amis ou s’affligent nos ennemis. Les actions qui provoquent l’admiration, celles pour lesquelles on a un talent naturel et une grande expérience, car on pense les accomplir avec succès. Celles que ne saurait faire un méchant, car elles ont plus de chance d’être louées. Celles auxquelles nous nous sentons portés avec passion, car on y trouve non seulement du plaisir, mais encore une tendance au mieux.

XXX. Nous préférons aussi chacun les choses conformes à telle ou telle disposition de notre esprit. Par exemple, les amateurs de victoires, s’il y a une victoire au terme de l’entreprise ; les amateurs d’honneurs, s’il y a des honneurs à recueillir ; les amateurs de richesses, s’il y a des richesses à acquérir, et ainsi de suite. Voilà où l’on doit prendre les preuves relatives au bien et à l’utile.

CHAPITRE VII


Du bien préférable et du plus utile.


I. Maintenant, comme il arrive souvent que deux partis présentent une utilité reconnue, mais que l’on discute pour savoir celui qui en présente le plus, il