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salut sans qu’il ait fui en vue de trouver le salut. De son côté, la chute du trépied est un hasard : car le trépied est debout en vue de servir de siège, mais ce n’est pas en vue de le faire servir de siège que sa chute a eu lieu. Il est donc évident que, d’une manière générale, dans le domaine des choses qui ont lieu en vue d’une autre, quand des choses ont lieu sans avoir en vue le résultat et en ayant leur cause finale en dehors de lui, alors nous disons que ce résultat est un effet du hasard et, d’un autre côté, nous appelons effets de la fortune tous ceux des effets du hasard qui sont parmi les choses qu’on pourrait choisir et relèvent d’êtres capables de choix.

La preuve que le hasard est bien tel, c’est que nous prononçons le mot en vain (maten) lorsqu’une certaine chose qui est en vue d’une autre n’amène pas ce en vue de quoi elle était. Par exemple, on se promène en vue d’obtenir une évacuation ; si, s’étant promené, elle ne survient pas, on dit qu’on s’est promené en vain et que la promenade a été vaine, montrant ainsi que cela est en vain qui étant de sa nature en vue d’une autre chose ne produit pas cette chose en vue de quoi sa nature était d’exister ; car, si l’on disait qu’on s’est baigné en vain sur cette raison que le soleil ne s’est pas ensuite éclipsé, on serait ridicule, cela n’étant pas en vue de ceci. Ainsi donc le hasard (to automaton), pour s’en rapporter à son nom même, existe lorsque la chose qui sert d’antécédent à l’effet du hasard est par elle-même en vain (auto maten). Ainsi la chute d’une pierre n’a pas lieu en vue de frapper quelqu’un ; donc, sous ce rapport, la chute de la pierre vient du hasard, car, si elle n’était pas un hasard, la chute serait du fait de quelqu’un et provoquée en vue de frapper.

Or c’est surtout dans les productions de la nature que des effets de la fortune se distinguent de ceux du hasard : car