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Chapitre VI

Mais il est différent en ce que le hasard a plus d’extension : car tous les effets de la fortune sont des effets du hasard, tandis que ceux-ci ne sont pas tous des effets de la fortune. [197b] Il y a, en effet, fortune et effets de la fortune pour tous ceux à qui peuvent s’attribuer l’heureuse fortune et d’une manière générale l’activité pratique. Aussi est-ce nécessairement sur les objets de l’activité pratique que la fortune s’exerce. La preuve en est qu’on regarde l’heureuse fortune comme identique au bonheur ou peu s’en faut, et que le bonheur est une certaine activité pratique, puisque c’est une activité pratique heureuse. Ainsi les êtres qui ne peuvent agir d’une activité pratique ne peuvent non plus faire quelque chose qui soit l’effet de la fortune. D’où il suit que nul être inanimé, nulle bête, nul enfant n’est l’agent d’effets de la fortune parce qu’il n’a pas la faculté de choisir ; et il n’y a non plus pour eux ni heureuse fortune ni infortune, si ce n’est par métaphore, comme Protarque disait que les pierres dont sont faits les autels jouissent d’une heureuse fortune parce qu’on les honore, tandis que leurs compagnes sont foulées aux pieds. En revanche, ces choses elles-mêmes peuvent, en quelque façon, pâtir par le fait de la fortune, lorsque celui qui agit sur elles par son activité pratique agit par le fait de la fortune, autrement, elles ne le peuvent.

Pour le hasard, il appartient aux animaux et à beaucoup des êtres inanimés : ainsi, on dit que la fuite du cheval est un hasard parce que, ayant fui, il a trouvé le