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sont ni toujours ni la plupart du temps, ou en d’autres termes les causes accidentelles, sont indéterminées, la fortune est elle-même une cause indéterminée. Cependant on pourrait se demander dans quelques cas si n’importe quelles causes sont susceptibles d’être les causes des effets de la fortune, si, par exemple, la cause de la santé n’est pas le courant d’air ou l’échauffement dû au soleil, et non le fait que les cheveux ont été coupés : car, parmi les causes par accident, les unes sont plus prochaines que les autres). D’autre part, on dit que la fortune est bonne lorsqu’un bien en résulte, mauvaise lorsque c’est un mal ; qu’elle est fortune prospère ou au contraire infortune, si ce bien et ce mal ont de la grandeur. Par suite, on parle aussi de fortune prospère et d’infortune lorsqu’il s’en faut de peu qu’on ait éprouvé un grand mal ou un grand bien : car la pensée prononce que ce bien et ce mal sont comme s’ils avaient existé, parce que le peu s’en faut passe pour un écart nul. On dit encore que la fortune prospère est mal sûre, et avec raison : car la fortune tout court est elle-même mal sûre, puisque aucun des effets de la fortune ne saurait avoir lieu ni toujours ni la plupart du temps.

En résumé, la fortune et le hasard sont, comme nous l’avons dit, des causes par accident relativement à des effets qui comportent de se produire autrement que d’une seule et même façon ou même autrement que la plupart du temps et encore relativement à ceux de ces effets qui sont susceptibles d’avoir lieu en vue de quelque chose.