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parmi les faits qui font exception à la nécessité et à ce qui a lieu la plupart du temps, il y en a qui peuvent exister en vue de quelque chose. Or les faits qui existent en vue de quelque chose sont tous ceux qui peuvent être accomplis par la pensée ou par la nature.

Lors donc que de tels faits se produisent par accident, nous disons que ce sont des effets de la fortune. (De même, en effet, que l’être est tantôt par soi, tantôt par accident, de même en peut-il être des causes : par exemple, l’art de bâtir est la cause par soi de la maison, le blanc et le musicien en sont les causes par accident. La cause par soi est en même temps une cause déterminée : car la multitude des accidents possibles d’une chose est infinie). Ainsi, comme nous le disions, lorsque ce caractère accidentel se rencontre dans des faits susceptibles d’être produits en vue de quelque chose, on dit qu’ils sont des effets du hasard ou des effets de la fortune. (Nous aurons tout à l’heure à marquer la différence de ces deux causes ; pour le moment, contentons-nous de cette vérité évidente que toutes les deux sont parmi les faits susceptibles d’être produits en vue de quelque chose). [197a] Par exemple, un homme, s’il avait su, aurait pu aller en tel lieu pour recevoir son argent, alors que son débiteur y touche le montant d’une quête ; il y est allé, mais non en vue de cela ; il n’y est allé et ne l’a fait pour toucher son argent que par accident ; et, d’une part, cet acte d’aller là, il l’a accompli alors qu’il ne se rend pas la plupart du temps ou nécessairement en ce lieu et, d’autre part, la fin, c’est-à-dire le recouvrement de la dette, n’est pas du nombre des causes finales contenues dans la nature de l’être lui-même, mais du nombre des choses qui relèvent du choix et de la pensée. Dans ces conditions