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l’essence du soleil et de la lune, nullement leurs attributs essentiels, étant donné surtout que, en fait, les physiciens parlent de la figure de la lune et du soleil, se demandent si le monde et la terre sont sphériques ou non. La vérité est donc que ces attributs sont bien aussi l’objet du mathématicien mais non en tant qu’ils sont les limites de corps naturels. Et s’il étudie les attributs, ce n’est pas en tant qu’appartenant à des substances de telle ou telle nature. C’est pourquoi il sépare les attributs ; et en effet ils sont, par la pensée, séparables du mouvement. Cette séparation est indifférente, et il n’en résulte aucune erreur.

[194a] Quant aux partisans des idées, ils font la même opération sans qu’ils s’en aperçoivent : car ils séparent les essences naturelles, bien moins séparables que les essences mathématiques. On s’apercevra de la différence dès qu’on essaiera de donner des définitions touchant l’un et l’autre de ces deux ordres de choses, qu’il s’agisse des sujets eux-mêmes ou des accidents. L’impair, le pair, le droit et le courbe d’abord, puis, pour passer aux sujets, le nombre, la ligne et la figure existeront sans le mouvement ; mais non pas la chair, l’os, l’homme : ces derniers termes sont analogues au nez camus et non au courbe. Les parties les plus physiques des mathématiques, soit l’optique, l’harmonique et l’astronomie, font aussi apercevoir cette même différence, car leur rapport à la physique est inverse de celui de la géométrie à la même science : la géométrie étudie la ligne physique en tant que la ligne n’est pas physique ; l’optique, au contraire, étudie la ligne mathématique, mais en tant que, de mathématique, la ligne est devenue physique.

La nature ayant donc deux sens, celui de forme et celui de matière, il faut l’étudier de la même manière que nous