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de tout ce qui en revêt faussement les apparences. Sur toute la terre, la puissance divine a été usurpée presque aussitôt que reconnue ; chez presque tous les peuples, comme chez ces Égyptiens, en proie aux plus viles superstitions, on peut dire que tout a été Dieu excepté Dieu lui-même ; et c’est parce que trop souvent des imposteurs, livrés aux passions les plus honteuses et aux plus coupables égarements, se sont faits des dieux sur la terre, qu’elle a été couverte de crimes et inondée de sang humain. Voilà les maux que la philosophie est appelée à combattre, et, s’il est possible, à réparer. Elle ne peut espérer d’y réussir qu’autant qu’elle parviendra

    un philosophe très-éclairé, et un très-honnête homme, « Les lumières surnaturelles (dit le P. Buffier) toutes divines qu’elles sont, ne nous montrent rien, par rapport à la conduite ordinaire de la vie, que les lumières naturelles n’adoptent, par les réflexions exactes de la pure philosophie. Les maximes de l’Évangile, ajoutées à celles des philosophes, sont moins de nouvelles maximes, que le renouvellement et l’éclaircissement de celles qui étaient gravées au fond de lame raisonnable. La révélation facilite la pratique de ces maximes, par les motifs et les secours puissants qu’elle fournit : mais la raison en a le principe dans elle-même. Si l’on supposait qu’elle en fut tout-à-fait incapable, au lieu de l’humilier, on excuserait ses égarements, et ils sont inexcusables. » Traité de la Société civile, chap. III.