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Épicure fit consister le bonheur ou le souverain bien, dans la jouissance des plaisirs et dans l’absence de la douleur. Mais il ne méconnut point la distinction essentielle qui existe entre les plaisirs du corps et ceux de l’ame ou de l’intelligence, et il regarda expressément ceux-ci comme devant avoir sur les autres une prééminence incontestable ; parce qu’ils s’étendent sur le passé aussi-bien que sur l’avenir, tandis que les plaisirs des sens n’embrassent que le moment présent. Voilà pourquoi, suivant ce philosophe, l’exemption de la douleur est le bien suprême, ou le plus grand des plaisirs. Au reste, c’est surtout la nature des actions que nos sentiments déterminent, qui établit entre eux une différence essentielle, et non pas la qualité qui nous les fait juger comme agréables ou pénibles à éprouver ; en un mot, toute leur importance consiste dans les conséquences ou dans la différence des résultats auxquels ils donnent lieu. De là suit la nécessité de peser attentivement ces conséquences probables, de s’appliquer à prévoir à l’avance les avantages ou les inconvénients de nos actions, et c’est la tâche ou la fonction de la raison.

La justice, suivant Épicure, n’est fondée que ; sur les conventions par lesquelles on s’est engagé à ne pas nuire aux autres, à condition de n’éprouver de leur part aucun dommage. D’ailleurs l’ex-