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tiquent la science du gouvernement ; comment donc pourraient-elles rendre un homme habile dans la législation, ou capable de juger celles qui sont les meilleures ? Car enfin, on ne voit pas que la lecture des livres de médecine[1] suffise pour faire d’habiles praticiens dans cet art, et pourtant on s’attache à y exposer non-seulement les traitements des maladies, mais aussi les moyens de guérir, la manière dont il faut les employer, et même on entre dans le détail des constitutions et des tempéraments des individus. Mais tous ces détails, qui sont fort utiles aux médecins expérimentés, ne peuvent servir à rien pour ceux qui sont sans expérience. Il est donc possible que des recueils de lois et de constitutions politiques soient d’une très-grande utilité pour les personnes capables de méditer, de juger de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas, ou de la convenance des choses les unes à l’égard des autres. Mais jamais on ne doit s’attendre, qu’en lisant de pareils recueils, ceux qui n’ont point acquis cette habitude, jugent sainement des lois, à moins que ce ne soit par hasard : seulement ils pourraient acquérir, par ce moyen, un peu plus d’intelligence de ce genre de connaissances.

Au reste, comme ceux qui ont traité le sujet de la morale, ont entièrement négligé celui de la législation, peut-être ferons-nous mieux d’y consacrer nos recherches, et de les étendre sur la

  1. Voyez la Politique, l. 3, c. 10, § 4.