Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/573

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvera basses, petites, et indignes de la majesté des Dieux[1].

Cependant, tout le monde croit qu’ils existent, qu’ils vivent, et, par conséquent, qu’ils agissent ; car apparemment ils ne dorment pas sans cesse, comme Endymion. Or, si l’on ôte à un être vivant la faculté d’agir, et plus encore celle de créer ou de produire, que lui reste-t-il, que la pure contemplation ? de sorte que l’activité de Dieu, si éminente par la félicité qui l’accompagne, ne saurait être qu’une énergie purement contemplative[2] ; et, par conséquent, entre les facultés humaines, celle qui a le plus de rapport ou d’analogie avec celle-là, est aussi la source du plus parfait bonheur.

  1. Voyez des réflexions à peu près semblables, et exprimées à peu près de la même manière, dans Cicéron De Nat. Deor. l. 3, c. 15. — Voy. aussi Sextus Empiricus, adv. Mathemat. p. 336.
  2. On a remarqué une sorte de contradiction entre ce passage d’Aristote, et ce qu’il dit dans sa Politique (l. 7, c. 3, § 6) ; « Que c’est à peine si l’on peut regarder comme un avantage de la nature de Dieu et de celle du monde, qu’ils n’aient à exercer aucune action extérieure, ou étrangère à celle qui leur est propre. » Mr Schneider, dans son commentaire sur ce passage de la Politique, essaie vainement de concilier les deux propositions de notre philosophe, parce que lorsqu’on hasarde des assertions sur ce qui est entièrement inconnu, et impossible à connaître, il est difficile de ne pas tomber dans quelque contradiction. Nous ne connaissons que très-imparfaitement la nature humaine ; comment pourrions-nous connaître la nature de Dieu ?