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mouvement employé à construire une maison, lorsque ce qu’on voulait faire a été exécuté. [Tout mouvement s’exécute donc] dans un intervalle de temps tout entier, ou dans un moment déterminé ; mais ceux qui se font dans des parties [de cet intervalle] sont tous imparfaits, et diffèrent en espèce, soit du tout, soit les uns des autres. Car, par exemple, la pose des pierres et le travail nécessaire pour les cannelures des colonnes, exigent des mouvements d’espèces différentes, et qui ne sont pas les mêmes que la construction entière du temple ; car son exécution complète est quelque chose de définitif et de parfait, puisqu’il ne faut rien de plus pour le but qu’on s’était proposé. Au contraire, les travaux des fondations, ceux de l’exécution des triglyphes, donnent lieu à des mouvements imparfaits ; car ils ne sont relatifs qu’à des parties, et, par conséquent, ils diffèrent d’espèce. En un mot, dans un temps quel qu’il soit, il ne se trouve pas de mouvement parfait dans son espèce, à moins qu’on ne considère comme tel l’ensemble de ceux qui ont contribué à l’exécution d’un tout.

Il en sera ainsi du mouvement progressif[1], et de tous les autres. En effet, le transport est un mouvement, soit qu’on parte d’un lieu, ou qu’on aille dans un lieu, et ainsi des autres espèces dans ce genre, comme le vol, la marche, le saut, et les autres [sortes de mouvements progressifs]. Et non-

  1. Voyez la Physique d’Aristote, l. 7, c. 3, et son traité De Incessu animalium, c. 3.