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rions encore, s’il n’en devait résulter aucun plaisir[1].

Il paraît donc évident que ni la volupté n’est le bien par excellence, ni toute volupté n’est désirable, et qu’il y a des plaisirs préférables en eux-mêmes, mais qui diffèrent d’espèce, ou à raison des causes qui les produisent. Mais en voilà assez sur la peine et le plaisir.

IV. Nous parviendrons, au reste, à connaître plus clairement quelle en est l’essence et le caractère distinctif, en reprenant tout-à-fait la question. Car le sens de la vue remplit ses fonctions dans un temps quel qu’il soit ; il n’a besoin de rien de plus pour le mettre ultérieurement à même de rendre complète l’espèce de sensation qu’il est destiné à avoir. Or, il semble que le plaisir est quelque chose de pareil : car il est toujours entier et complet ; et, dans aucun moment, on ne saurait ressentir un plaisir, qui, prolongé plus long-temps, devînt complet dans son espèce.

Voilà pourquoi il n’est pas un mouvement ; car tout mouvement s’accomplit dans un temps donné, et a une fin déterminée : tel est, par exemple, le

  1. Il est difficile de concevoir comment on pourrait préférer quelque chose que ce fût à une autre chose, s’il n’en résultait pas un sentiment de plaisir plus grand, ou de moindre peine, soit aperçu, c’est-à-dire, senti immédiatement et directement, soit inaperçu, mais toujours existant. Cette assertion d’Aristote est même contradictoire avec ce qu’il dit sur le même sujet en plusieurs autres endroits.