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luptés, ils ont cru qu’il fallait les pousser en sens contraire, et que c’était le moyen de les faire arriver au juste milieu.

Mais peut-être qu’on a tort de tenir ce langage : car, en fait de passions et d’actions, les discours sont moins croyables que les faits ; et, lorsqu’ils sont en contradiction avec la manière de sentir universelle, le discrédit où ils tombent entraîne dans leur ruine la vérité elle-même.

En effet, quand on a vu celui qui affectait de blâmer les plaisirs, en rechercher quelques-uns, on est porté à croire qu’il est entraîné vers eux, parce que tous sont réellement désirables : car il n’appartient pas à tout le monde de discerner avec justesse [ceux qui le sont de ceux qui ne le sont pas].

La vérité, dans le langage, est donc très-utile, non-seulement pour la science, mais même pour la conduite de la vie : car les discours inspirent de la confiance, quand ils sont d’accord avec les faits ; et, par cette raison, ils déterminent ceux qui les ont bien compris, à vivre d’une manière conforme à ce qu’ils expriment.

Mais en voilà assez sur cet article ; examinons maintenant ce qui a été dit [par les philosophes] au sujet de la volupté.

II. Eudoxe[1] donc la considérait comme le bien

  1. Eudoxe, de Cnide, disciple de Platon, fut également célèbre par l’étendue et la variété de ses connaissances en géométrie, en astronomie, en médecine et en philosophie. Il donna