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ritable roi que celui qui sait se suffire à lui-même, et qui surpasse les autres hommes en tout genre de biens et d’avantages : or, un tel être n’a besoin de rien de plus, et, par conséquent, il ne saurait être fort occupé de ce qui lui est utile ; mais il ne s’intéressera qu’au bien de ceux sur qui il a autorité. Celui qui ne sera pas tel, ne peut devoir son autorité qu’à la faveur du sort, à l’effet du hasard[1].

Le tyran, au contraire, n’envisage jamais que son propre avantage. Et dès lors, il est évident que la tyrannie est le pire de tous les gouvernements, puisque c’est le contraire du plus parfait. Mais les états passent ordinairement de l’une de ces formes à l’autre ; car la tyrannie est la corruption ou la dégénération de la monarchie, et un mauvais roi devient tyran.

Les états sont aussi sujets à passer de l’aristocratie à l’oligarchie, par l’effet des vices ou de la

    sur les citoyens, d’après leur consentement, et exercée conformément au vœu de la loi : mais celle qui n’avait d’autre règle que la volonté arbitraire du chef, qui n’était pas conforme aux lois, ni consentie par les citoyens, il l’appelait tyrannie. » (Xénoph. Mem. Socrat. l. 4, c. 6, § 12.)

  1. Littéralement : « Ne saurait être qu’un roi tiré au sort, ou, comme nous dirions dans le langage familier, un roi de la fève, ce qui, au reste, s’applique d’autant plus aux mœurs des Athéniens que c’était en effet avec des fèves de différentes couleurs qu’ils votaient dans les élections, et que le premier des neuf archontes, ainsi élus, s’appelait Roi, ou l’archonte-roi.