Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que des parties de la société politique ; et, par conséquent, le caractère de chacune d’elles se reproduira dans autant d’espèces d’amitiés différentes.

X. Or, il y a trois espèces de gouvernements[1], et autant de manières de dévier de la forme propre à chacune d’elles, et qui en sont comme des corruptions ou des dégénérations. Ces formes principales sont, la Royauté, l’Aristocratie, et le Pouvoir accordé à ceux qui ont une certaine quotité de revenu, forme que l’on pourrait désigner par le nom de Timocratie[2], mais à laquelle on donne la plupart du temps celui de République. Cette dernière est la pire de toutes ; la meilleure est la royauté. La déviation ou dégénération de la royauté est la tyrannie : car l’une et l’autre sont monarchies ; mais elles diffèrent prodigieusement, le tyran n’ayant en vue que son intérêt personnel, au lieu que le roi n’a pour but que l’intérêt de ceux qui sont soumis à son autorité[3]. En effet, il n’y a de vé-

  1. Voyez Eudem. l. 7, c, 9 ; et la Politique, l. 3, c. 5.
  2. C’est proprement la République. (Voy. Polit. l. 2, c. 3, § 11 ; l. 3, c.,5, § 2 ; l. 4, c. 7, § 1 - 6.) Mr  Coray avertit ici que ce n’est pas Aristote, comme il l’avait dit dans ses remarques sur Isocrate (p. 196), mais Platon, dans sa République (l. 8, p. 545-550), qui donne le nom de timocratie, ou timarchie, à l’oligarchie, ou au moins à une certaine forme de l’oligarchie, que Xénophon (Memor. Socrat. l. 4, c. 6, § 12) a appelée Ploutocratie, c’est-à-dire, domination des riches.
  3. Voyez, dans la Politique (l. 3, c. 5, § 2 et 4) la même doctrine exposée avec plus de développement. Telle avait été aussi l’opinion de Socrate : « Il appelait Royauté l’autorité établie