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autres qualités physiques. Mais ne nous arrêtons pas à ces considérations, qui sont trop étrangères au sujet qui nous occupe.

IX. L’amitié et la justice semblent, comme on l’a dit au commencement[1], se rapporter aux mêmes objets, et avoir des caractères communs ; car l’une et l’autre se retrouvent dans tout ce qui établit quelque communication entre les hommes. Aussi appelle-t-on quelquefois amis ceux avec qui l’on navigue dans le même vaisseau, avec qui l’on fait la guerre dans la même armée, et pareillement avec qui l’on a des intérêts et des circonstances communes et propres à rapprocher les hommes entre eux ; L’amitié même se mesure sur la quantité des rapports communs ; car, la justice y intervient aussi dans la même proportion. Et le proverbe « Entre amis, tout est commun[2], » est, à cet égard, d’une parfaite justesse. Tout est commun, par exemple, entre frères et entre compagnons de plaisir ; mais, dans les autres rapports, cette communauté a des limites : il y a plus de choses communes dans certains cas, et moins dans d’autres ; car l’amitié est susceptible de différents degrés. Le juste [ou le droit] diffère également ; car il n’est pas le même entre les parents et leurs enfants, et entre les frères, les uns à l’égard des autres, ni

  1. Dans le 1er chapitre de ce livre.
  2. C’était (dit-on) aussi une maxime de Pythagore, devenue proverbe chez les Grecs : Voy. Diog. Laert. l. 8, § 10 ; Cic. De Off. l. i, c. 16.