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perfection qu’à l’aide du temps et des autres conditions dont la réunion peut la faire naître, des qualités semblables des deux côtés, et qui doivent se trouver dans les amis.

IV. L’amitié fondée sur l’agrément, a quelque ressemblance avec cette amitié parfaite : car les gens de bien sont agréables les uns aux autres ; et il en est de même de celle qui est fondée sur l’utilité, puisque les hommes de ce caractère sont également utiles et bons les uns aux autres. Ces deux sortes d’amitiés sont même durables, surtout lorsqu’il y a égalité dans le plaisir, par exemple, que les amis se procurent réciproquement ; ce qui a lieu non-seulement dans ce cas, mais par l’effet des mêmes qualités, comme on le voit entre personnes d’un caractère complaisant et gai. Mais c’est autre chose entre l’amant et l’objet aimé ; car l’un et l’autre ne sont pas séduits par les mêmes motifs : mais l’un trouve son bonheur à voir la personne qu’il aime, l’autre trouve le sien dans les soins assidus qu’on lui rend. Cependant, quand la beauté vient à se flétrir, l’attachement s’évanouit quelquefois avec elle : la vue de la personne aimée ne charme plus celui qui l’aimait ; elle ne trouve plus en lui les mêmes soins empressés. Souvent, au reste, l’habitude, ayant produit en eux une certaine ressemblance de mœurs et de goûts, devient la source d’un attachement tendre et durable[1]. L’utilité réciproque, entre

  1. Voyez dans le Banquet de Platon (p. 183.) la juste et sage distinction qu’il établit, à cet égard, entre l’amour fondé