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phes, et parmi eux Empédocle[1], affirment que le semblable est attiré par ce qui lui ressemble, et aspire à s’unir à lui. Mais laissons de côté toutes ces questions relatives à la nature physique ; car elles n’ont rien de commun avec l’objet actuel de notre examen.

Considérons seulement tout ce qui, dans les choses humaines ou dans la nature humaine, se rattache aux mœurs et aux passions : par exemple, si tous les hommes sont capables de ce sentiment, ou s’il est impossible que des hommes vicieux soient amis ; s’il n’y a qu’une seule espèce d’amitié, ou s’il y en a plusieurs. Car il y a des philosophes qui croient qu’elle admet des degrés en plus et en moins ; mais ils fondent cette opinion sur une preuve peu convaincante, puisqu’il y a des choses spécifiquement différentes qui admettent de pareils degrés, et nous en avons parlé précédemment[2].

II. Peut-être, au reste, le moyen d’éclaircir ces questions est-il de faire connaître [par quels caractères on distingue] ce qui est digne d’être aimé. Car il semble qu’on n’aime, en général, que ce qui est aimable, c’est-à-dire, ce qui est bon, ou agréable, ou utile. Or, on pourrait regarder comme utile ce qui procure quelque bien, ou quelque plaisir ; en

  1. Voyez M. M. l. 2, c. 11 ; et Eudem. l. 7, c. i. Cicéron (De Amicit. c. 7), rappelle aussi cette doctrine d’Empédocle.
  2. Cette dernière phrase, qui n’est pas très-claire, dit Mr Coray, est expliquée dans la paraphrase, par une phrase qui l’est encore moins.