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les uns pour les autres de véritables ennemis[1]. D’autres essaient de remonter plus haut dans la recherche de ce sentiment dont ils trouvent l’origine dans le monde matériel même. Euripide[2], par exemple, qui dit : « La terre desséchée est amoureuse de la pluie, et le majestueux Uranus lui-même, quand il est chargé de pluie, brûle du désir de se précipiter dans le sein de la terre. » De même Héraclite[3], veut que l’utile naisse des contraires, que la plus belle de toutes les harmonies soit le produit de la diversité des êtres, et qu’enfin toutes choses soient nées de la discorde. Tandis qu’au contraire, plusieurs autres philoso-

  1. Littéralement : des potiers ; allusion à deux vers d’Hésiode, dont le sens est : « Le potier porte envie au potier, le charpentier au charpentier, etc. », et qui étaient devenus proverbe. Voyez Hesiod. Op. et Dies. vs. 25.
  2. Ce sont des vers de l’Œdipe d’Euripide, tragédie qui s’est perdue, et dont ce fragment a été conservé par Athénée (p. 600), et par Stobée (Eclog. Phys. p. 21-22). Voy. Valckenaer. Diatrib. Euripid. c. 4, p. 51. Il semble que Virgile ait eu en vue cette pensée d’Euripide, lorsqu’il dit dans ses Géorgiques (lib. ii, vs. 325) :

    Tum pater omnipotens fæcundis imbribus æther
    Conjugis in gremium descendit.

  3. Ailleurs (Eudem. l. 7, c. .1), Aristote dit : « Héraclite blâme le poète qui a dit, Périsse la discorde ! Puisse-t-elle être bannie d’entre les dieux et les hommes ! Car sans le grave et l’aigu, il n’y aurait pas d’harmonie ; s’il n’y avait pas opposition entre le mâle et la femelle, les animaux n’existeraient pas. »