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dans tous les êtres, tous ne recherchent pas aussi la même volupté, quoique tous aspirent à jouir de la volupté ; et peut-être aussi qu’ils poursuivent celle qu’ils ne croient pas poursuivre, et qu’ils ne sauraient nommer [ou définir], quoique ce soit véritablement la même : car il y a, dans la nature de tous les êtres, quelque chose de divin. Mais les plaisirs du corps, parce qu’on s’y attache le plus souvent, et qu’ils sont le partage de tout ce qui est animé, ont, pour ainsi dire, usurpé l’héritage du nom ; et l’on croit qu’ils sont les seuls, parce que ce sont les seuls que l’on connaisse.

Au reste, il est facile de voir que, si le plaisir n’est pas un bien, ni l’activité non plus, il sera impossible que l’homme heureux vive agréablement : car à quoi lui servirait-elle, puisqu’elle ne serait pas un bien, et qu’il pourrait encore vivre accablé de peines ? Car la peine ne sera aussi ni un mal, ni un bien, si le plaisir n’en est pas un ; et alors, pourquoi la fuir ? La vie de l’homme vertueux ne serait donc pas plus agréable, si les actes qu’il produit, ou l’exercice de son activité, ne lui procurent pas plus d’agrément.

XIV. Mais, à l’occasion des plaisirs corporels, il faut encore examiner comment on dit qu’il y a des plaisirs très-désirables (et tels sont tous ceux qui sont honnêtes), mais que ce ne sont pas ceux du corps, et, en général, ceux que recherche le débauché. Pourquoi donc les peines contraires à ces plaisirs sont-elles des maux ? car le contraire du