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qui sont toujours accompagnés de désir et de soucis, en un mot, les plaisirs du corps, car telle est leur condition. Et il évite les excès qui font proprement l’intempérant ou le débauché. Voilà pourquoi le sage fuit cette sorte de plaisirs ; car il y en a aussi qui lui sont propres.

XIII. Cependant, on convient généralement que la douleur est un mal, et qu’il faut la fuir. Mais il’ y a telle peine qui est un mal, en général et absolument ; telle autre qui n’est un mal qu’à certains égards, et comme obstacle au bonheur [plutôt que comme cause de malheur]. Or, le contraire de ce qu’il faut fuir, en ce sens que c’est une chose qu’on doit fuir, et qui est mauvaise ou nuisible, ne peut être qu’un bien ; d’où il suit nécessairement que le plaisir est un bien. Car la manière dont Speusippus argumentait sur cette question, n’en donne point une véritable solution. De même (disait-il) qu’être plus grand est le contraire d’être plus petit et d’être égal, etc.[1] : car on ne saurait dire que le plaisir soit un certain mal.

  1. Aristote ne fait qu’indiquer ici l’argument de Speusippus ; voici comment l’auteur de la paraphrase l’expose : « Car (disait Speusippus) de même que plus grand et plus petit sont opposés ou contraires à égal, et de même qu’en fait de vertus, les manières d’être qui s’en écartent en plus ou en moins sont contraires ; ainsi le plaisir et la peine sont opposés, ou contraires, par rapport à l’absence de toute peine, l’un comme plus grand, et l’autre comme moindre ; et l’absence de toute peine est un bien, mais le plaisir et la douleur sont des maux. Mais ce raisonnement n’a rien de concluant, car il n’y a personne à