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aime alors les saveurs acides ou amères, qui naturellement et en elles-mêmes ne sont point agréables, en sorte qu’elles ne sont pas des plaisirs. Car les choses agréables sont entre elles dans le même rapport que les plaisirs dont elles sont la cause, ou ont entre elles la même opposition.

De plus, il n’est pas nécessaire qu’il y ait quelque autre chose plus excellente que le plaisir, parce que, comme le prétendent certaines personnes, la fin est plus excellente que la génération : car le plaisir n’est pas génération, ni toujours accompagné de génération, mais il est action et fin ; et il n’est pas le résultat de ce qui se produit ou s’engendre ; mais il provient de l’emploi et de l’usage que l’on fait des choses. D’ailleurs, la fin n’est pas toujours autre chose que d’action ; mais cela n’a lieu que pour celles qui tendent à la perfection de la nature. Voilà pourquoi on a tort de dire que le plaisir est une génération sensible ; il aurait mieux valu le définir l’énergie, ou l’acte, d’une manière d’être, où disposition, conforme à la nature, et l’appeler incoërcible au lieu de sensible. Mais il semble être une génération, parce qu’il est proprement un bien, et que l’on s’imagine que l’énergie, ou l’action, est génération, mais c’est autre chose.

Quant à ce qu’on dit que les plaisirs sont nuisibles, parce que certaines choses qui font plaisir peuvent altérer la santé, on pourrait dire de même que certaines choses qui sont utiles à la santé, sont nuisibles à la fortune. Les unes et les autres sont donc mauvaises sous ce rapport, mais non pas en