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cause productive du plaisir envisagé sous ces deux aspects. Par exemple, entre ceux qui paraîtront nuisibles, les uns le seront en général, et les autres ne le seront pas pour quelques personnes ; au contraire, ils seront désirables pour tel individu. D’autres ne seront pas même absolument désirables pour cet individu, mais seulement pour un temps et dans certaines circonstances. On peut même dire que tout plaisir accompagné de peine n’est pas un véritable plaisir, mais n’en a que l’apparence, comme cela se voit, à l’égard des malades, dans les remèdes qu’on emploie pour leur guérison.

D’un autre côté, comme, dans le bien, il faut distinguer l’acte, de l’habitude ou manière d’être, les plaisirs qui servent à rétablir l’habitude, ou manière d’être, naturelle, ne sont agréables que par accident ou par circonstance, tandis que l’acte, ou l’énergie, se manifeste dans les désirs qui naissent d’une manière d’être accompagnée de quelque souffrance, quoique d’ailleurs il y ait des plaisirs dans lesquels ni la peine ni le désir n’entrent pour rien, comme sont ceux de la méditation, qui ont lieu sans que la nature souffre aucun besoin, éprouve aucune privation. Ce qui le prouve, c’est que les sentiments de plaisir ne sont pas les mêmes quand la nature se répare, et quand elle est dans un état d’équilibre ou de repos. Mais, dans cet état, elle jouit des choses qui sont simplement et absolument agréables ; au lieu que, quand elle se répare, elle trouve du plaisir dans des choses contraires : elle