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ment celui qui recherche des plaisirs honteux. D’un autre côté, comme il y a tel individu qui est moins sensible qu’il ne faut aux plaisirs du corps, et qui ne consulte pas en ceci la raison[1], on peut considérer le caractère du tempérant comme tenant le milieu entre celui-ci et celui de l’intempérant. Car ce dernier s’écarte de la raison par une tendance qui va dans l’excès en plus, et l’autre par une tendance contraire, tandis que ni l’une ni l’autre de ces deux dispositions ne peut influer sur le tempérant. Or, si la tempérance est une vertu, il faut que ces deux habitudes opposées soient vicieuses, comme elles le paraissent en effet. Mais, l’une d’elles[2] ne se montrant que rarement et chez un petit nombre de personnes, comme il n’y a que la sobriété que l’on oppose à la débauche, il n’y a aussi que l’intempérance que l’on oppose à la tempérance. Enfin, comme, dans bien des cas, on se sert des mots par analogie, le mot tempérance ou fermeté s’est dit de la sobriété, à cause de la ressemblance de ces deux manières d’être. Car le tempérant [ou plutôt l’homme qui a de l’empire sur lui-même] est, comme

  1. La paraphrase semble indiquer qu’ici il y a quelques mots omis, ou au moins le mot ἀνώνυμος, en sorte qu’il faudrait ajouter que ce caractère d’insensibilité, dont parle l’auteur, n’a pas reçu de nom particulier, comme il l’a déjà dit l, 2, c. 7, et l. 3, cc. ii. Voyez, sur cet endroit, les remarques de Mr Coray, p. 293.
  2. Celle dont il est question dans la note précédente, et à laquelle Aristote a donné le nom d’insensibilité, dans les chapitres II, VII, et VIII du second livre de ce traité.