Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/397

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

espèces d’animaux ; d’autres, enfin, qui ne plaisent pas en elles-mêmes, mais seulement par l’effet de quelque altération des organes, à cause de la coutume, ou par une dépravation des goûts naturels : on peut observer des dispositions, ou manières d’être, appropriées jusqu’à un certain point à ces différents genres de choses. Je veux parler des habitudes de férocité, comme on le dit de cette femme qui ouvre le ventre des femmes enceintes, et dévore les petits enfants avant qu’ils soient nés[1] ; ou de ces peuples voisins du Pont-Euxin[2], devenus tout-à-fait sauvages, dont les uns se plaisent à manger de la viande crue, les autres dé la chair humaine ; et d’autres ont coutume de se donner réciproquement leurs enfants pour en faire des festins ; ou les atrocités qu’on raconte de

  1. Mr  Zell cite ici un passage des scholies d’Aspasius, où il est dit qu’une femme des contrées qui bordent le Pont-Euxin, appelée Lamia, étant devenue furieuse de la perte de ses propres enfants, dévorait ceux des autres femmes. On trouve le même récit au sujet d’une femme aussi nommée Lamia, dans Diodore de Sicile (l. 20, § 41), excepté qu’il dit qu’elle vivait dans la Libye. Les anciens appelaient Lamies des êtres fantastiques du genre de ceux qu’on désigne aussi par le nom de vampires. Horace conseille aux poètes tragiques de ne point admettre ces sauvages et dégoûtantes fictions dans leurs drames.

    Neu pransæ Lamice vivum puerum extrahat alvo.

    (HOR ; A. P. vs. 340.
  2. Aristote dit ailleurs (Politic. l. 8, c. 3, § 4) que ces peuples sauvages des bords de l’Euxin étaient appelés Heniochi et Achæi.