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de ne pas persister dans la résolution qu’Ulysse lui avait fait prendre, [et d’y renoncer] par la peine que lui cause le mensonge.

Le raisonnement sophistique, * appelé le menteur*, offre aussi un exemple de ce genre d’embarras, [où l’on ne sait s’il faut persister ou non dans une opinion] ; car les sophistes, voulant prouver des propositions contradictoires, pour paraître habiles, si toutefois ils y réussissent, l’argument qu’ils emploient en pareil cas, devient embarrassant. La pensée s’y trouve comme arrêtée dans sa marche, ne pouvant consentir à accorder les prémisses, parce que la conclusion a quelque chose qui déplaît et qui choque, et se voyant dans l’impossibilité d’aller plus avant, faute de pouvoir résoudre la difficulté[1].

Il y a même telle combinaison d’où il peut ré-

    faudrait dire, et en disant des choses qui me couvrent de honte. »

  1. J’ai tâché de mettre dans les idées autant de liaison que pouvait le permettre l’obscurité du texte, dans cet endroit. Les deux astérisques entre lesquels se trouvent ces mots le menteur, indiquent l’opinion, que je partage avec quelques critiques, que ces mots doivent être supprimés, parce qu’il est peu probable qu’Aristote ait voulu parler ici plus particulièrement du sophisme désigné par ce nom, et au sujet duquel on peut voir ce qui est dit dans Aulu-Gelle (Noct. Attic. l. 18, c. 2), dans Plutarque (De Commun. Notion, adv. Stoïc. § 2) etc. Je me bornerai à rappeler ce que c’est que cet argument, si fameux parmi les subtilités puériles du même genre qui ont trop souvent dégradé la philosophie stoïcienne. Le voici dans les termes mêmes d’Aulu-Gelle : Cum mentior, et me mentiri dico, mentior, an verum dico ?