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trême, ou ce qu’il y a de contingent, de relatif à l’autre proposition, est de son ressort. Car les propositions elles-mêmes sont les principes des motifs [qui déterminent l’action], puisque le général se tire de la comparaison de tous les cas particuliers. Il faut donc qu’on ait le sentiment de ces cas-là ; et l’esprit, ou l’entendement, est ce sentiment lui-même, ou le comprend en soi[1].

Voilà pourquoi le sentiment et l’entendement sont un produit ou une création immédiate de la nature ; et sans doute aucun homme n’est sage par nature, mais c’est de la nature qu’on tient le jugement, la sagacité et l’esprit. La preuve de cela, c’est que nous croyons que ces facultés ou propriétés se développent avec l’âge ; cet âge [disons-nous] est celui de l’entendement et du bon sens, parce que c’est la nature qui les donne.

Il suit de là que l’entendement est le principe et la fin ; et ces deux choses sont, en effet, la source et le sujet des démonstrations. C’est pourquoi il faut faire autant d’attention aux assertions et aux opinions des personnes d’âge et d’expérience, même lorsqu’elles ne sont pas démontrées, que si c’étaient

  1. L’obscurité de tout ce passage tient à l’extrême indétermination des expressions esprit, jugement, etc., dans la doctrine d’Aristote, et à sa théorie de l’âme, qui n’a pas à beaucoup près la clarté et l’exactitude désirables ; ces deux causes, auxquelles il faut joindre aussi la concision excessive, et peut être quelquefois affectée, de son langage, font qu’il est très-difficile, pour ne pas dire impossible, de saisir toujours sa pensée.