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tude ce qu’on a résolu, mais délibérer à loisir [avant l’exécution]. La sagacité est encore autre chose qu’une sage résolution : elle est, à quelques égards, une heureuse rencontre. Enfin, une sage résolution n’est pas non plus une opinion.

Or, puisque celui qui ne prend pas une sage résolution s’expose à commettre des fautes, tandis que celui qui prend un bon parti, délibère comme il convient, il s’ensuit qu’une sage résolution est l’effet d’une certaine rectitude [de délibération], mais non celui de la science, ni de l’opinion. Car l’idée de rectitude ou de justesse ne s’applique point à la science [proprement dite, et en elle-même], pas plus que l’idée d’erreur ; et, quant à l’opinion, c’est la vérité qui est sa rectitude ; et déjà tout ce qui est l’objet de l’opinion a été déterminé d’une manière précise[1]. Il ne peut y avoir de sage résolution sans raisonnement : reste donc qu’elle soit l’effet de la réflexion ; car celle-ci n’est pas encore une énonciation, au lieu que l’opinion, qui ne suppose pas de recherche, est déjà affirmation ou assertion. Mais celui qui délibère, bien ou mal, cherche

  1. Voyez l. 3, c. 2. Tout cet endroit du texte, dit Mr  Coray, est plein d’obscurité, et, entre les divers interprètes d’Aristote, les uns l’ont regardé comme singulièrement altéré par la négligence ou par l’ignorance des copistes, tandis que d’autres en donnent des explications fort diverses. On peut voir, dans le commentaire de Mr  Zell, les opinions des plus célèbres critiques, dont on ne tirera, ce me semble, en effet aucun résultat satisfaisant.