Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/352

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas le résultat d’une seule et même prudence ou connaissance, mais celui d’un jugement différent pour chaque animal ; autrement, il faudrait dire qu’il n’y a qu’une seule médecine pour tous les êtres animés. Et il ne sert de rien de dire que l’homme est le plus excellent de tous les animaux ; car il y a bien d’autres êtres d’une nature plus divine que celle de l’homme : tels sont, par exemple, les corps les plus apparents dont le monde est composé[1]. Il suit donc évidemment de tout ce que nous venons de dire, que la sagesse, la science et l’intelligence sont ce qu’il y a naturellement de plus précieux et de plus digne d’admiration.

Aussi a-t-on appelé sages un Anaxagoras, un Thalès, et ceux qui leur ressemblent ; mais on ne les nommait, pas prudents, lorsqu’on les voyait ignorants de tout ce qui leur était utile ; et l’on dit qu’ils savaient un grand nombre de choses mystérieuses, merveilleuses, difficiles et divines, mais inutiles, parce qu’ils ne cherchaient pas les biens purement humains. Mais la prudence est relative

  1. Le passage suivant du traité De Cœlo (l. 2, c. 1), cité par Mr  Zell, peut faire croire qu’Aristote a voulu parler ici des corps célestes. « C’est avec raison, dit notre philosophe, qu’on est persuadé de la vérité d’une opinion fort ancienne, et admise surtout par nos ancêtres, que le ciel est un être divin, et doué d’un mouvement éternel….. ; Les anciens ont même mis au nombre des dieux le ciel supérieur, comme étant seul immortel, et le présent discours prouve qu’il est incorruptible, ingénérable, et exempt de toutes les affections et les imperfections attachées à ce qui est mortel. »