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de simples comparaisons[1], il est facile de voir ce que c’est que la science, en considérant que nous sommes tous portés à croire que ce que nous savons ne peut pas être autre que ce qu’il est ; et, quant aux choses qui peuvent être autrement, nous ignorons si elles ont ou n’ont pas d’existence, indépendamment de notre contemplation. Ce qui est l’objet de la science existe donc nécessairement, et par conséquent est éternel ; car tout ce qui a une existence nécessaire et absolue est éternel, et dès-lors, ingénérable et incorruptible.

D’un autre côté, toute science est regardée comme pouvant être un objet d’enseignement ; et tout ce qui peut être su, peut être appris. Mais tout enseignement n’a lieu qu’à l’occasion de choses déjà connues, comme je l’ai dit dans les Analytiques[2]. On enseigne par le moyen de l’induction, ou par le syllogisme : mais l’induction est le principe des idées générales, et le syllogisme est composé de ces mêmes idées. Donc il y a des principes, d’où part le syllogisme, et auxquels il ne conduit pas, et qui sont, par conséquent, le résultat de

  1. Quelques commentateurs croient, avec assez de vraisemblance, que notre auteur fait ici allusion à la manière dont Platon traite le plus souvent les questions de métaphysique, et à la multitude de comparaisons et de métaphores dont il se sert ; Voyez, entr’autres, le Philebus (p. 197). En général, Aristote censure, toutes les fois que l’occasion s’en présente, cette manière de traiter un pareil sujet. Voy. Analyt. Poster. l. 2, c. 13 ; Metaphys. l, i, c. 7, et l. ii, c. 5, etc.
  2. Voyez Analy, Poster. (l. i, c. 1).