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Et puisque la vertu morale est une habitude, une disposition relative au choix ou à la préférence, et que la préférence est un désir réfléchi, il faut, pour qu’elle soit sensée et digne d’approbation, que le raisonnement soit conforme à la vérité, et le désir conforme à la vertu, et que l’un affirme les mêmes choses que l’autre poursuit ou recherche. C’est donc là ce qui constitue l’entendement et la vérité pratique.

Mais c’est à l’intelligence contemplative, qui n’est ni pratique ni active, qu’appartient le jugement de ce qui est bien ou mal, vrai ou faux ; car telle est la fonction de tout ce qui est doué de pensée. La fonction de ce qui unit l’action à la pensée, c’est l’accord de la vérité avec des désirs conformes à la raison.

Le principe de l’action est donc la préférence, d’où naît, en quelque sorte, l’impulsion ou le mouvement, mais non pas le motif déterminant : et ce qui détermine la préférence, c’est le désir, et la raison sollicitée par un motif. Voilà pourquoi il n’y a point de préférence, sans intelligence et sans pensée, ni sans habitude morale ; car il ne peut y avoir ni bonheur, ni malheur, sans la pensée et sans les mœurs. La pensée ou l’intelligence ne détermine, par elle-même, aucun mouvement ; il faut qu’elle soit sollicitée par quelque motif, et accompagnée de tendance à l’action. C’est alors qu’elle commande, pour ainsi dire, à la faculté d’agir.

En effet, quiconque fait une chose, la fait par