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quelque direction que ce soit. Mais faire toutes ces choses, ce n’est pas être lâche et injuste, sinon par accident ou par circonstance ; au lieu qu’il faut être dans telle disposition déterminée ; de même que pratiquer la médecine et rendre la santé, ne consiste pas à faire ou à ne pas faire des opérations, à donner ou à ne pas donner des médicaments, mais à le faire de telle ou telle manière.

Au reste, la justice ne peut exister que parmi des êtres qui participent aux biens véritables et proprement dits. Mais on peut en avoir surabondance, ou en éprouver la privation. Cependant [parmi ces êtres] il y en a pour qui il ne saurait y avoir excès dans cette abondance, et tels sont peut-être les dieux : il en est pour qui aucune partie de ces biens ne peut être utile ; ce sont les mortels livrés à une incurable perversité, et à qui tout est cause de dommage ; il en est, enfin, à qui ils peuvent être bons jusqu’à un certain point, et tel est le partage de l’humanité.

X. Il convient à présent de faire voir quel rapport il y a entre la justice et l’équité, entre ce qui est juste et ce qui est équitable. Car on trouve, en les considérant avec attention, que ce n’est pas tout-à-fait une seule et même chose, quoiqu’il n’y ait pas de différence spécifique de l’une à l’autre. Il y a des circonstances où nous louons ce qui est équitable, et l’homme qui a ce caractère ; en sorte qu’en certains cas, nous employons l’expression plus équitable, au lieu de bon ou juste, pour manifester notre approbation ; donnant à entendre