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s’éloigne également des extrêmes, au lieu que l’injustice est un de ces extrêmes. En effet, la justice est l’habitude ou la disposition d’après laquelle l’homme équitable fait, par choix, ce qui est juste, et l’observe non-seulement dans toutes ses transactions avec les autres, mais aussi dans celles où il n’y a que d’autres personnes qui soient intéressées ; en sorte qu’il ne s’attribuera pas une quantité plus considérable de ce qui est utile ou avantageux, n’en laissant qu’une moindre part à celui avec qui il partage ; ou, au contraire, s’il est question de choses nuisibles ou dommageables : mais il observera l’égalité proportionnelle avec une scrupuleuse exactitude ; et il en agira de même quand il faudra partager entre des personnes étrangères. L’injustice est la disposition entièrement opposée ; elle ne cherche que l’excès en plus dans ce qui est utile, ou en moins dans ce qui peut être nuisible, sans observer ni règle ni proportion. Voilà pourquoi l’excès en plus ou en moins est le caractère de l’injustice ; l’excès en plus quand il s’agit de choses avantageuses à l’homme injuste, et l’excès en moins dans les choses nuisibles ou dangereuses. Quand il n’est pas intéressé lui-même dans cette distribution, mais qu’il est chargé de la faire aux autres, il agit, en général, avec la même partialité : mais, quant à la proportion, il la règle au hasard et sans scrupule. En fait d’injustice, l’extrême en moins

    « milieu en ce sens que, l’injustice produisant l’inégalité, elle cherche à rétablir l’égalité, et y parvient. » (Paraphr.)