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Le caractère de cette sorte de justice est donc la proportionnalité, et le caractère de l’injustice, c’est le défaut de proportion ; car dès-lors il y aura d’un côté plus, et de l’autre moins qu’il ne faut. C’est ce qui se voit par les faits mêmes ; car celui qui commet une injustice obtient plus d’avantages, et celui qui la souffre en a moins qu’il n’en doit avoir. C’est tout le contraire quand il s’agit du mal ; Car un moindre mal, comparé à un plus grand, peut être compté pour un bien, puisqu’il est certainement préférable à un mal plus grand, et que ce qu’on préfère, c’est toujours le bien, et cela d’autant plus, qu’il est plus grand. Telle est donc l’une des espèces comprises sous la notion générale de justice.

IV. L’autre espèce, que l’on peut appeler justice de compensation, a lieu dans les transactions sociales, tant volontaires qu’involontaires : mais elle se présente sous une forme différente de la précédente. En effet, la justice qui préside à la distribution des biens communs à tous, se règle toujours sur la proportion que nous avons dite. S’il est question de partager de l’argent qui appartient au public, on devra y observer le même rapport qu’ont entre elles les sommes qui ont été mises en commun ; et l’injustice, opposée à cette sorte de justice, sera de s’écarter de cette proportion.

Quant aux transactions entre citoyens, la justice

    phie péripatéticienne, signifie complètement et identiquement le même, et non pas d’une manière figurée ou métaphorique.