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ces transactions sont appelées volontaires, parce que le principe en est dans la volonté de ceux qui y concourent. Mais il en est où l’on se trouve compromis sans le savoir, soit que ceux qui agissent ainsi à notre égard le fassent secrètement et à la dérobée, comme dans le cas du vol, de l’adultère, de l’empoisonnement, des intrigues infames, de la corruption de nos esclaves, de l’assassinat, du faux témoignage ; soit qu’ils agissent contre nous avec violence et à force ouverte, comme il arrive dans le cas des sévices, de l’emprisonnement, du meurtre, ou quand on ravit avec violence ce qui appartient à un autre, quand on le frappe au point de l’estropier, qu’on lui adresse des paroles offensantes, ou des provocations outrageantes.

III. Puisque le caractère de l’injustice est l’inégalité, il est évident qu’il doit y avoir un milieu par rapport à ce qui est inégal, et ce milieu sera précisément ce qui est égal. Car, dans toute action où il peut y avoir du plus ou du moins, il doit y avoir aussi une égalité possible ; et par conséquent, si on appelle injuste ce qui s’écarte de cette égalité, le juste sera ce qui y est conforme[1], ainsi que

  1. Cette doctrine de l’égalité, considérée comme fondement de la justice, fut celle des plus anciens philosophes, surtout de Platon, qui y revient dans plusieurs endroits de ses ouvrages. Voyez, entre autres, le 6e livre des Lois (p. 787), où l’on trouve des idées assez analogues à celles qu’Aristote expose avec plus de développement dans tout ce livre. Voyez aussi les Phéniciennes d’Euripide (vs. 551 et suiv., p. 49 et 167 de l’édit. imprimée chez Mr Didot. Paris, 1813).