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cours à ce genre de charlatanisme, et l’on reconnaît en eux les caractères que je viens d’indiquer. Quant à l’espèce de dissimulation qui consiste à affecter de diminuer l’opinion des qualités qu’on possède réellement, ceux qui ont ce caractère plaisent plus généralement, parce qu’ils semblent avoir pour motif, non pas un sordide intérêt, mais la crainte d’un vain et ridicule étalage, et, à l’exemple de Socrate, ils affectent, surtout, de ne point prétendre aux qualités et aux talents qui donnent de la célébrité. Mais quand cela va jusqu’à ne pas convenir des qualités les moins importantes, et qui se manifestent le plus, c’est un autre genre de charlatanisme sot et ridicule[1], qui est tout-à-fait

    temps, les dangereuses jongleries de ces hommes si bien caractérisés dans les vers, d’Ennius, que cite Cicéron (De Divinat. l. i, c. 58) :

    Non enim sunt ii, aut scientia, aut arte divini ;
    Sed superstitiosi vates, impudentesque harioli,
    Aut inertes, aut insani, quibus egestas imperat :
    Qui sibi semitam non sapiunt, alteri monstrant viam ; —
    Quibus divitias pollicentur, ab iis drachmam ipsi petunt.

    « Il n’y a rien de divin ni dans leur art, ni dans leur science ; mais ce sont des jongleurs superstitieux, et d’impudents charlatans, des fainéants, des hommes en démence, ou forcés à ce genre de vie par la misère ; qui ne savent pas se conduire eux-mêmes, et montrent le chemin aux autres ; qui promettent des trésors, en mendiant une chétive pièce de monnaie. »

  1. Littéralement : on les appelle des hommes niaisement malicieux (βαυκοπανοῦργοι ). Il paraît que c’était un mot usité seulement dans le langage familier, et Schneider est le seul des lexicographes qui lui ait donné place dans son dictionnaire, car on ne le trouve que dans ce passage d’Aristote.