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[entre la dureté farouche, et la molle complaisance] ; et qui n’a point reçu de nom.

Entre ceux qui cherchent surtout à faire plaisir, les uns, aspirant à se rendre agréables sans aucun autre but, sont désignés par le nom de complaisants. Mais on appelle flatteurs, ceux qui agissent ainsi en vue de leur utilité personnelle, pour obtenir des richesses, et tout ce qu’on peut se procurer par leur moyen. Quant à ceux qui ont de l’humeur contre tout le monde, et à propos de tout, j’ai déjà dit qu’on les appelle des gens fâcheux, querelleurs et d’humeur difficile[1]. Au reste, ici encore les extrêmes semblent être opposés immédiatement l’un à l’autre, parce que le milieu n’a pas été désigné par un nom exprès.

VII. Il y a, à l’égard de la vanité, ou de la jactance, un milieu qui peut se manifester à peu près dans les mêmes circonstances ; mais il n’a pas aussi de nom[2]. Cependant, il ne sera pas inutile de traiter de ces sortes de dispositions ; car les observations de détail sont propres à répandre plus de lumière sur le sujet des mœurs en général,

  1. On peut comparer à la doctrine d’Aristote, dans ce chapitre, les observations plus étendues d’un de ses plus illustres disciples, Théophraste, qui a aussi esquissé les principaux traits de la flatterie et de la manie de plaire, dans ses Caractères (c. 2, et c. 5).
  2. Notre auteur l’a pourtant désigné ci-dessus (l. 2, c. 7), par celui de vérité ou sincérité. Voyez sur le même sujet M. M. l. i, c. 33 ; et Eudem. l. 3, c. 7. Voyez aussi les Caractères de Théophraste (c. 33).