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Au reste, je l’ai dit, celui qui a ce caractère, se conduit, en général, avec les autres hommes comme il convient, n’ayant en vue que ce qui est honorable et utile : et il aspire à partager leurs plaisirs, ou du moins il ne veut pas les contrarier.

En effet, cette manière d’être semble surtout relative aux plaisirs et aux peines qui naissent du commerce des hommes entre eux. Or, avec un tel caractère, on ne prendra point part à tous les plaisirs qui peuvent nuire aux autres ou les dégrader, et l’on aimera mieux, sans doute, les affliger que leur plaire ; et si une action est de nature à déshonorer celui qui la fait, ou à lui causer un dommage considérable, tandis qu’en s’y opposant on ne lui causera qu’une peine légère, on n’hésitera point à s’y opposer avec fermeté.

L’homme dont nous parlons ici ne. se comportera pas, à l’égard des personnes en dignité, comme avec les gens du commun, suivant le degré plus ou moins grand de connaissance ou de familiarité qu’il a avec eux, et ainsi des autres différences ; observant, dans tous les cas, ce qui convient à chacun. Il préférera sans doute, en général, de faire plaisir, et craindra d’affliger ; mais il envisagera surtout les conséquences, et il se décidera pour le parti où l’utile et l’honorable se montrent plus manifestement, et il ne craindra point de faire une petite peine, s’il juge qu’elle doive, plus tard, être la cause d’une grande satisfaction. Tel est donc ce caractère qui tient un juste milieu